Mara Jade Skywalker
2005-10-22 17:49:55 UTC
Guerre du Pacifique - 1. Pearl Harbor et expansion japonaise -
Décembre 1941 à avril 1942
Appliquer à un pays des sanctions économiques. Cela ressemble à ce
que l'on entendait aux nouvelles télévisées concernant l'Irak, et bien
d'autres depuis la fin de la guerre froide. Avant même le début de la
guerre froide, c'était déjà un moyen de pression international à la
fin des années trente... tout aussi inefficace que les années nonante
dans l'Irak de Saddam Hussein.
Les effets en étaient même pervers puisque l'une des causes principale
de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, ce furent justement les
sanctions économiques américaines. Elles avaient été décrétées en
1940, après l'installation de bases japonaises en Indochine française.
Dans l'état de paranoïa où baignait l'élite dirigeante du Japon de
l'époque, ce fut "la goutte de trop dans le vase".
Les Japonais utilisèrent leur technique habituelle pour entamer une
guerre: l'attaque surprise de la principale base de leur adversaire.
C'était le cas à Port Arthur, lors de la guerre en Moudchoueie contre
les Russes, en 1905. Cette fois, c'est le mouillage de la flotte
américaine du Pacifique dans la rade de Pearl Harbor qui est visé.
Techniquement, l'attaque contre Pearl Harbor fut une éclatante
victoire japonaise. Les huit cuirassés présents dans la rade furent
coulés ou endommagés. Sur le total de seize dont disposaient alors les
Américains dans les océans du globe, c'était une énorme ponction!
D'autant que les Etats-Unis ont deux océans à défendre, avec leur
allié britannique très mal en point au niveau naval à la fin 1941.
Etat encore aggravé avec la destruction de la Force Z britannique,
les cuirassés Prince of Wales et Repulse coulés le 10 décembre 1941
au large de la Malaisie par l'aviation japonaise partie d'Indochine
française.
Avec la défense de leurs adversaires paralysée par ce coup initial,
les Japonais peuvent se lancer dans une impressionnante expansion.
Le théâtre du Pacifique favorise l'attaquant. Les distances sont
tellement énormes qu'il est impossible de tout défendre. Celui qui peut
choisir son point d'attaque et paralyser les mouvements de renforts de
l'adversaire est sûr du succès. Les Japonais jouissent de la supériorité
à la fois navale et aérienne. Ils ont devant eux un pays isolationniste,
qui se réveillent à peine d'une longue paix (Etats-Unis) et ne comptant
que sur une petite armée de paix. Ou qui sont trop occupés sur
d'autres fronts et ont du négliger les défenses de l'Extrême-Orient
(Grande-Bretagne, Australie et Pays-Bas).
Comparé à ce que les Alliés mettront en oeuvre par la suite pour la
reconquête du Pacifique, les Japonais conquièrent avec une remarquable
économie de moyens. Quelques milliers de soldats transportés par
quelques dizaines de navires. La marine de guerre et l'aéronavale
japonaises couvre les mouvements des bateaux les plus vulnérables.
A terre, que ce soit aux Philippines, en Indonésie ou en Malaisie, ils
disposent rarement d'une supériorité numérique globale sur leurs
adversaires, mais les soldats japonais sont très aguerris, le Japon se
bat en effet en Chine depuis plus de quatre ans. Et surtout ils tirent
pleinement profit de leur avantage de mobilité.
Aux Philippines, la couverture navale alliée est quasiment inexistante:
les principaux navires de surface avaient quitté l'archipel avant même
le début de la guerre. Le reste, pris à parti par les attaques aériennes
japonaises, est détruit ou doit, à son tour, quitter les Philippines.
La stratégie américaine d'avant guerre, le plan "Orange", prévoyait
l'intervention de la flotte américaine du Pacifique pour dégager
l'archipel en cas d'attaque japonaise. Après le désastre de Pearl
Harbor, c'est devenu impossible. Les Japonais peuvent donc débarquer
où ils veulent, et quand ils veulent. Toute ligne de défense est menacée
d'être prise à revers par un débarquement. Finalement MacArthur trouvera
le bon endroit à défendre: la péninsule de Bataan. Stratégique car
contrôlant l'entrée du Golfe de Manille et bien protégé contre des
débarquements ennemis grâce aux batteries côtières couvrant l'entrée
du golfe. Alors que les Japonais n'avaient eu besoin que d'un mois pour
conquérir le gros des Philippines, ils vont peiner pendant trois mois
contre les réduits américain de Bataan et de Corregidor, l'île fortifiée
au large de Bataan. Le ravitaillement américain sera toujours fort
précaire: seuls les sous-marins et les navires légers, tels que des
vedettes lance-torpilles, parvenaient encore à maintenir une liaison et
à amener du ravitaillement aux assiégés. La résistance américaine sur
Corregidor ne cessera définitivement que le 6 mai 1942.
En Malaisie, les plans de défense britanniques prévoyaient une attaque
du côté de la mer alors que la menace se révéla rapidement provenir du
côté de la terre. L'invasion japonaise en Malaisie commença quasiment
au même moment que l'attaque sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.
Une tentative de contre-attaque naval de la Royal Navy se termina en
catastrophe: la Force Z envoyée de Singapour est anéantie sous les coups
de l'aviation japonaise, partie d'Indochine française. Il faudra trois
mois aux Japonais pour remonter la péninsule malaise et emporter
la forteresse britannique de Singapour, réputée imprenable.
Le 15 février 1942, la garnison britannique, à bout de force, capitule.
70000 prisonniers anglais, australiens et indiens.
Sur mer, passés les premiers coups assénés par les Japonais, il n'y a
plus de combats navals. Les hostilités ne reprendront que fin janvier
1942 en Indonésie. Les Alliés américains, britanniques, australiens
et hollandais tentent d'unir et de coordonner leurs efforts en créant
le commandement unifié ABDA pour freiner l'avance japonaise dans le
chapelet d'îles qui constituent l'archipel. La stratégie japonaise dans
la région consiste à débarquer dans le rayon d'action des avions basés
là où s'est effectué le débarquement précédent.
Au vu des distances, il faudra plusieurs étapes et plus de deux mois aux
Japonais pour emporter le morceau. L'avantage est de contrarier toutes
les tentatives navales alliées par des attaques aériennes. Même sans le
soutien d'une importante force aéronavale. Cela explique les échecs
successifs de l'amiral néerlandais Doorman sur mer. Chaque mouvement
offensif est immédiatement contré par une contre-offensive aérienne.
Il est pratiquement aveugle face aux mouvements de ses adversaires.
Même ses bases de départ deviennent rapidement intenables sous les
raids aériens japonais.
Pourtant, cela avait commencé plutôt bien pour les Alliés! Les
Américains remportent un succès brillant, bien que modeste, contre
une force de débarquement ennemie à Balikpapan, sur l'île de Bornéo,
le 23 janvier 1942.
Mais en février 1942, les échecs et les désastres alliés se succèdent:
Palembang, Macassar, Lombok, Madura, .... Et ces échecs ne sont que le
prélude au désastre final: pour empêcher l'invasion japonaise de Java,
la clé des Indes orientales néerlandaises, l'amiral néerlandais Doorman
engage la bataille décisive de la Mer de Java. Elle tourne à la
catastrophe pour les Alliés. L'escadre alliée éclate en petits
groupements qui manquent de munitions et se font anéantir au détail
dans les jours qui suivent. Du 26 février au 1er mars 1942, elle est
détruite. Seuls quatre destroyers alliés parviendront à rejoindre
l'Australie, et de justesse.
Le 7 mars 1942, les troupes hollandaises du général ter Poorten
capitulent sur l'île de Java, aux Indes néerlandaises. Outre les trois
théâtres d'opérations principaux (Philippines, Malaisie et Indonésie)
les Japonais avaient lancé une série d'actions secondaires pour arrondir
le périmètre défernsif de leurs nouvelles conquêtes.
Les îles américaines de Guam et de Wake en avaient été victimes
dès le mois de décembre 1941.
Wake avait bien résisté et infligé aux Japonais leur premier échec
de la guerre, le 11 décembre 1941. Mais la possession américaine
succombe à une seconde tentative, le 22 décembre 1941.
Rabaul est conquise le 23 janvier 1942. Après quoi les Japonais
s'étendent dans le reste de la Nouvelle-Bretagne.
Ils débarquent à Lae et Salamaua, en Nouvelle-Guinée, dans la nuit
du 7 au 8 mars 1942.
En Asie, la défaite des Britanniques en Malaisie et la prise de
Singapour, le 15 février 1942, permet aux Japonais de lancer une
offensive de grande envergure en Birmanie au mois de mars suivant.
Les techniques de combat expérimentées avec succès dans la pénisule
malaise vont leur apporter une nouvelle victoire qui les mènera...
jusqu'en Inde!
Qu'a fait dans l'intervalle la flotte combinée japonaise, vainqueur de
Pearl Harbor? De retour au Japon fin décembre 1941, elle s'est mise
en route en janvier 1942 vers Truk, qui deviendra sa principale base
jusqu'en 1944. De là elle soutiendra les débarquement en Nouvelle-
Bretagne, en Nouvelle-Guinée. Elle effectue deux raids au sud de
l'Indonésie, le premier contre Darwin, en Australie, le 19 février.
Le second détruit au sol l'aviation néerlandaise au sud de Java,
à partir du 3 février, et coule le vieux porte-avions américain
Langley, transformé en ravitailleurs d'hydravion, le 26 février.
Faute d'adversaire à sa mesure, les succès de la marine japonaise
étaient restés modestes.
Le 31 mars 1942, l'aéronavale japonaise part dans un raid plus
spectaculaire dans l'océan Indien, où une importante flotte britannique,
comprenant les trois porte-avions Indomitable, Formidable et Hermes,
cinq vieux cuirassés, huit croiseurs, dont deux hollandais, et quinze
destroyers, s'apprête à engager le combat.
La confrontation désirée par les Japonais n'aura pourtant jamais lieu.
De toute façon, face aux porte-avions Akagi, Soryu, Hiryu, Shokaku
et Zuikaku, et à leurs équipages d'élite, le combat des Alliés n'aurait
pas été égal.
Les Britanniques évacuent donc leur base de Trincomalee à Ceylan
(Sri Lanka actuel) et se replient dans l'ouest de l'océan Indien.
La Royal Navy ne regagnera de fait Ceylan et l'est de l'océan Indien
qu'en... 1944. Les Japonais se contenteront tout de même des restes:
un porte-avions, deux croiseurs lourds et quantité d'autres navires
de moindre importance.
Le 15 avril 1942, la guerre dans le Pacifique a commencé depuis quatre
mois et une semaine. Un sans faute japonais? Presque. Les Japonais ont
coulé deux vieux porte-avions (un américain et un britannique), huit
cuirassés (six américains et deux britanniques) et sept croiseurs
(deux néerlandais, deux britanniques, deux américains et un australien).
Leurs propres pertes navales se limitent à... cinq destroyers, dont deux
anciens volontairement sacrifiés à Wake, en décembre 1941.
Les Japonais commencent la guerre en utilisant la bonne arme,
le porte-avions, mais en visant la mauvaise arme de leurs adversaires,
les cuirassés. Ils en ont mis huit hors de combat à Pearl Harbor,
et deux d'entre-eux seront renfloués. A cela vient s'ajouter la
destruction de la Force Z britannique au large de la Malaisie,
le 10 décembre 1941. Par contre, ils n'ont coulé que deux vieux
porte-avions, de seconde catégorie: le Langley américain et le
Hermes britannique.
Cinq mois d'expansion japonaise en Asie sont impressionants sur une
carte, mais nulle part elle n'a touché des possessions vitales de leurs
adversaires. La perte de Singapour est un coup sensible pour les
Britanniques, mais ce n'était qu'un avant-poste de l'Inde, qui ne sera
jamais sérieusement menacée. L'invasion de la Nouvelle-Guinée est
une inquiétude pour l'Australie, mais la bataille de la Mer de Corail,
les 7 et 8 mai 1942, écartera temporairement la menace japonaise sur
l'Australie. D'ailleur, leurs attaques contre le continent austral se
limitera à un seul raid aéronaval sur Darwin, le 19 février 1942.
Et puis, surtout, il y a les Etats-Unis. Pour les Japonais, c'est
l'ennemi mortel n°1 à abattre. L'amiral Yamamoto, qui a étudié aux
Etats-Unis et occupé un poste d'attaché naval à Washington, connaît
parfaitement la psychologie et la manière de penser des Américains.
Il reste convaincu que la seule manière de gagner cette guerre est
de battre et de détruire la flotte américaine dès le premier jour de
guerre, avant que les Etats-Unis ne mettent en branle leur formidable
potentiel industriel. Pourtant, après le désastre de Pearl Harbor,
aucune autre action japonaise ne sera tentée contre leur base à Hawaii
ou leur flotte de porte-avions.
Qu'a fait la flotte américaine du Pacifique depuis Pearl Harbour?
A vrai dire, sa position n'est pas très enviable. Mais sans le savoir,
les Japonais ont été l'instrument qui contribuera à leur propre
défaite finale. Malheureusement pour eux, les seuls "capital ships"
américains rescapés de Pearl Harbor sont... les porte-avions.
Les Américains en ont neuf au total au début des hostilités. L'un d'eux,
le Hornet, termine justement ses essais. Deux autres, le porte-avions
d'escorte Long Island, et le vieux Langley, sont incapables d'opérer
avec une escadre de guerre. Enfin trois autres se trouvent sur la Côte
Est ou dans l'Atlantique au déclenchement des hostilités: Yorktown,
Ranger et Wasp.
Il en reste trois opérationels dans le Pacifique: Lexington, Saratoga
et Enterprise.
En face les Japonais en ont le double: six. Neuf au total, mais dont
il faut retirer le Hosho, incapable d'opérer avec la flotte, et deux
légers.
Dans ces conditions une bataille décisive serait une défaite assurée
pour les Américains. D'ailleurs, la première réaction de leur part
abouti à un fiasco: une tentative d'envoi de renforts vers l'île de
Wake, assiégée, tourne court fin décembre 1941.
La première priorité est de fortifier toutes les petites îles qui
contrôlent les voies de communications du Pacifique central. Ce sont
des convois à escorter contre le danger sous-marin ou aérien japonais.
Ces tâches, purement défensives, vont pourtant se muer en une
attitude plus agressive et offensive de la part des Américains.
Puisqu'une frappe décisive est impossible, ils vont procéder par coups
d'épingle: choisir un objectif à la périphérie du périmètre défensif
japonais, frapper vite et fort avec un raid de porte-avions, puis se
retirer le plus vite possible, avant qu'une réaction ennemie ne
mette en danger les navires américains. Ce type de harcèlement,
fort éprouvant et qui "tapent sur les nerfs", les Américains en
feront eux-mêmes les frais, 25 ans plus tard. Au Vietnam.
Le premier essai américain de ce type a lieu le 23 janvier 1942, contre
l'île de Wake. Le torpillage, par un sous-marin japonais, du pétrolier
qui devait assurer le ravitaillement de l'escadre fait échouer l'action.
Par contre, le second essai sera transformé. Par la suite, l'objectif
sera plus vaste: à la fois les îles Gilbert et Marshall. Après ce
premier succès, les Américains vont mener une série de ces raids
à objectif limité, tant dans le Pacifique central que dans le Pacifique
Sud. Leurs effets matériels sur le cours de la guerre sont dérisoires.
Mais l'effet moral sur les Américains est immense, et il commence
également à jouer du côté japonais. Du côté allié, ce sont les seuls
succès dont on peut se prévaloir dans ces heures sombres de la guerre.
Cela joue dans la tête des combattants et à l'arrière. Du côté japonais,
ils rappellent au haut commandement qu'il reste une flotte américaine
du Pacifique et qu'il faudra l'éliminer un jour.
Survient alors la "surprise" du 18 avril 1942. Le raid spectaculaire
des seize bombardiers moyens B-25 Mitchell de Doolittle sur Tokyo,
bien que d'un impact dérisoire sur l'effort de guerre japonais,
va provoquer de leur part une réaction entraînant une faute
stratégique majeure, qui leur sera fatale le 4 juin 1942.
--
"La 2ème Guerre mondiale au jour le jour. 2194 jours de guerre",
Cesare Salmaggi et Alfredo Pallavisini, sélection Reader's Digest, 1980
Décembre 1941 à avril 1942
Appliquer à un pays des sanctions économiques. Cela ressemble à ce
que l'on entendait aux nouvelles télévisées concernant l'Irak, et bien
d'autres depuis la fin de la guerre froide. Avant même le début de la
guerre froide, c'était déjà un moyen de pression international à la
fin des années trente... tout aussi inefficace que les années nonante
dans l'Irak de Saddam Hussein.
Les effets en étaient même pervers puisque l'une des causes principale
de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, ce furent justement les
sanctions économiques américaines. Elles avaient été décrétées en
1940, après l'installation de bases japonaises en Indochine française.
Dans l'état de paranoïa où baignait l'élite dirigeante du Japon de
l'époque, ce fut "la goutte de trop dans le vase".
Les Japonais utilisèrent leur technique habituelle pour entamer une
guerre: l'attaque surprise de la principale base de leur adversaire.
C'était le cas à Port Arthur, lors de la guerre en Moudchoueie contre
les Russes, en 1905. Cette fois, c'est le mouillage de la flotte
américaine du Pacifique dans la rade de Pearl Harbor qui est visé.
Techniquement, l'attaque contre Pearl Harbor fut une éclatante
victoire japonaise. Les huit cuirassés présents dans la rade furent
coulés ou endommagés. Sur le total de seize dont disposaient alors les
Américains dans les océans du globe, c'était une énorme ponction!
D'autant que les Etats-Unis ont deux océans à défendre, avec leur
allié britannique très mal en point au niveau naval à la fin 1941.
Etat encore aggravé avec la destruction de la Force Z britannique,
les cuirassés Prince of Wales et Repulse coulés le 10 décembre 1941
au large de la Malaisie par l'aviation japonaise partie d'Indochine
française.
Avec la défense de leurs adversaires paralysée par ce coup initial,
les Japonais peuvent se lancer dans une impressionnante expansion.
Le théâtre du Pacifique favorise l'attaquant. Les distances sont
tellement énormes qu'il est impossible de tout défendre. Celui qui peut
choisir son point d'attaque et paralyser les mouvements de renforts de
l'adversaire est sûr du succès. Les Japonais jouissent de la supériorité
à la fois navale et aérienne. Ils ont devant eux un pays isolationniste,
qui se réveillent à peine d'une longue paix (Etats-Unis) et ne comptant
que sur une petite armée de paix. Ou qui sont trop occupés sur
d'autres fronts et ont du négliger les défenses de l'Extrême-Orient
(Grande-Bretagne, Australie et Pays-Bas).
Comparé à ce que les Alliés mettront en oeuvre par la suite pour la
reconquête du Pacifique, les Japonais conquièrent avec une remarquable
économie de moyens. Quelques milliers de soldats transportés par
quelques dizaines de navires. La marine de guerre et l'aéronavale
japonaises couvre les mouvements des bateaux les plus vulnérables.
A terre, que ce soit aux Philippines, en Indonésie ou en Malaisie, ils
disposent rarement d'une supériorité numérique globale sur leurs
adversaires, mais les soldats japonais sont très aguerris, le Japon se
bat en effet en Chine depuis plus de quatre ans. Et surtout ils tirent
pleinement profit de leur avantage de mobilité.
Aux Philippines, la couverture navale alliée est quasiment inexistante:
les principaux navires de surface avaient quitté l'archipel avant même
le début de la guerre. Le reste, pris à parti par les attaques aériennes
japonaises, est détruit ou doit, à son tour, quitter les Philippines.
La stratégie américaine d'avant guerre, le plan "Orange", prévoyait
l'intervention de la flotte américaine du Pacifique pour dégager
l'archipel en cas d'attaque japonaise. Après le désastre de Pearl
Harbor, c'est devenu impossible. Les Japonais peuvent donc débarquer
où ils veulent, et quand ils veulent. Toute ligne de défense est menacée
d'être prise à revers par un débarquement. Finalement MacArthur trouvera
le bon endroit à défendre: la péninsule de Bataan. Stratégique car
contrôlant l'entrée du Golfe de Manille et bien protégé contre des
débarquements ennemis grâce aux batteries côtières couvrant l'entrée
du golfe. Alors que les Japonais n'avaient eu besoin que d'un mois pour
conquérir le gros des Philippines, ils vont peiner pendant trois mois
contre les réduits américain de Bataan et de Corregidor, l'île fortifiée
au large de Bataan. Le ravitaillement américain sera toujours fort
précaire: seuls les sous-marins et les navires légers, tels que des
vedettes lance-torpilles, parvenaient encore à maintenir une liaison et
à amener du ravitaillement aux assiégés. La résistance américaine sur
Corregidor ne cessera définitivement que le 6 mai 1942.
En Malaisie, les plans de défense britanniques prévoyaient une attaque
du côté de la mer alors que la menace se révéla rapidement provenir du
côté de la terre. L'invasion japonaise en Malaisie commença quasiment
au même moment que l'attaque sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941.
Une tentative de contre-attaque naval de la Royal Navy se termina en
catastrophe: la Force Z envoyée de Singapour est anéantie sous les coups
de l'aviation japonaise, partie d'Indochine française. Il faudra trois
mois aux Japonais pour remonter la péninsule malaise et emporter
la forteresse britannique de Singapour, réputée imprenable.
Le 15 février 1942, la garnison britannique, à bout de force, capitule.
70000 prisonniers anglais, australiens et indiens.
Sur mer, passés les premiers coups assénés par les Japonais, il n'y a
plus de combats navals. Les hostilités ne reprendront que fin janvier
1942 en Indonésie. Les Alliés américains, britanniques, australiens
et hollandais tentent d'unir et de coordonner leurs efforts en créant
le commandement unifié ABDA pour freiner l'avance japonaise dans le
chapelet d'îles qui constituent l'archipel. La stratégie japonaise dans
la région consiste à débarquer dans le rayon d'action des avions basés
là où s'est effectué le débarquement précédent.
Au vu des distances, il faudra plusieurs étapes et plus de deux mois aux
Japonais pour emporter le morceau. L'avantage est de contrarier toutes
les tentatives navales alliées par des attaques aériennes. Même sans le
soutien d'une importante force aéronavale. Cela explique les échecs
successifs de l'amiral néerlandais Doorman sur mer. Chaque mouvement
offensif est immédiatement contré par une contre-offensive aérienne.
Il est pratiquement aveugle face aux mouvements de ses adversaires.
Même ses bases de départ deviennent rapidement intenables sous les
raids aériens japonais.
Pourtant, cela avait commencé plutôt bien pour les Alliés! Les
Américains remportent un succès brillant, bien que modeste, contre
une force de débarquement ennemie à Balikpapan, sur l'île de Bornéo,
le 23 janvier 1942.
Mais en février 1942, les échecs et les désastres alliés se succèdent:
Palembang, Macassar, Lombok, Madura, .... Et ces échecs ne sont que le
prélude au désastre final: pour empêcher l'invasion japonaise de Java,
la clé des Indes orientales néerlandaises, l'amiral néerlandais Doorman
engage la bataille décisive de la Mer de Java. Elle tourne à la
catastrophe pour les Alliés. L'escadre alliée éclate en petits
groupements qui manquent de munitions et se font anéantir au détail
dans les jours qui suivent. Du 26 février au 1er mars 1942, elle est
détruite. Seuls quatre destroyers alliés parviendront à rejoindre
l'Australie, et de justesse.
Le 7 mars 1942, les troupes hollandaises du général ter Poorten
capitulent sur l'île de Java, aux Indes néerlandaises. Outre les trois
théâtres d'opérations principaux (Philippines, Malaisie et Indonésie)
les Japonais avaient lancé une série d'actions secondaires pour arrondir
le périmètre défernsif de leurs nouvelles conquêtes.
Les îles américaines de Guam et de Wake en avaient été victimes
dès le mois de décembre 1941.
Wake avait bien résisté et infligé aux Japonais leur premier échec
de la guerre, le 11 décembre 1941. Mais la possession américaine
succombe à une seconde tentative, le 22 décembre 1941.
Rabaul est conquise le 23 janvier 1942. Après quoi les Japonais
s'étendent dans le reste de la Nouvelle-Bretagne.
Ils débarquent à Lae et Salamaua, en Nouvelle-Guinée, dans la nuit
du 7 au 8 mars 1942.
En Asie, la défaite des Britanniques en Malaisie et la prise de
Singapour, le 15 février 1942, permet aux Japonais de lancer une
offensive de grande envergure en Birmanie au mois de mars suivant.
Les techniques de combat expérimentées avec succès dans la pénisule
malaise vont leur apporter une nouvelle victoire qui les mènera...
jusqu'en Inde!
Qu'a fait dans l'intervalle la flotte combinée japonaise, vainqueur de
Pearl Harbor? De retour au Japon fin décembre 1941, elle s'est mise
en route en janvier 1942 vers Truk, qui deviendra sa principale base
jusqu'en 1944. De là elle soutiendra les débarquement en Nouvelle-
Bretagne, en Nouvelle-Guinée. Elle effectue deux raids au sud de
l'Indonésie, le premier contre Darwin, en Australie, le 19 février.
Le second détruit au sol l'aviation néerlandaise au sud de Java,
à partir du 3 février, et coule le vieux porte-avions américain
Langley, transformé en ravitailleurs d'hydravion, le 26 février.
Faute d'adversaire à sa mesure, les succès de la marine japonaise
étaient restés modestes.
Le 31 mars 1942, l'aéronavale japonaise part dans un raid plus
spectaculaire dans l'océan Indien, où une importante flotte britannique,
comprenant les trois porte-avions Indomitable, Formidable et Hermes,
cinq vieux cuirassés, huit croiseurs, dont deux hollandais, et quinze
destroyers, s'apprête à engager le combat.
La confrontation désirée par les Japonais n'aura pourtant jamais lieu.
De toute façon, face aux porte-avions Akagi, Soryu, Hiryu, Shokaku
et Zuikaku, et à leurs équipages d'élite, le combat des Alliés n'aurait
pas été égal.
Les Britanniques évacuent donc leur base de Trincomalee à Ceylan
(Sri Lanka actuel) et se replient dans l'ouest de l'océan Indien.
La Royal Navy ne regagnera de fait Ceylan et l'est de l'océan Indien
qu'en... 1944. Les Japonais se contenteront tout de même des restes:
un porte-avions, deux croiseurs lourds et quantité d'autres navires
de moindre importance.
Le 15 avril 1942, la guerre dans le Pacifique a commencé depuis quatre
mois et une semaine. Un sans faute japonais? Presque. Les Japonais ont
coulé deux vieux porte-avions (un américain et un britannique), huit
cuirassés (six américains et deux britanniques) et sept croiseurs
(deux néerlandais, deux britanniques, deux américains et un australien).
Leurs propres pertes navales se limitent à... cinq destroyers, dont deux
anciens volontairement sacrifiés à Wake, en décembre 1941.
Les Japonais commencent la guerre en utilisant la bonne arme,
le porte-avions, mais en visant la mauvaise arme de leurs adversaires,
les cuirassés. Ils en ont mis huit hors de combat à Pearl Harbor,
et deux d'entre-eux seront renfloués. A cela vient s'ajouter la
destruction de la Force Z britannique au large de la Malaisie,
le 10 décembre 1941. Par contre, ils n'ont coulé que deux vieux
porte-avions, de seconde catégorie: le Langley américain et le
Hermes britannique.
Cinq mois d'expansion japonaise en Asie sont impressionants sur une
carte, mais nulle part elle n'a touché des possessions vitales de leurs
adversaires. La perte de Singapour est un coup sensible pour les
Britanniques, mais ce n'était qu'un avant-poste de l'Inde, qui ne sera
jamais sérieusement menacée. L'invasion de la Nouvelle-Guinée est
une inquiétude pour l'Australie, mais la bataille de la Mer de Corail,
les 7 et 8 mai 1942, écartera temporairement la menace japonaise sur
l'Australie. D'ailleur, leurs attaques contre le continent austral se
limitera à un seul raid aéronaval sur Darwin, le 19 février 1942.
Et puis, surtout, il y a les Etats-Unis. Pour les Japonais, c'est
l'ennemi mortel n°1 à abattre. L'amiral Yamamoto, qui a étudié aux
Etats-Unis et occupé un poste d'attaché naval à Washington, connaît
parfaitement la psychologie et la manière de penser des Américains.
Il reste convaincu que la seule manière de gagner cette guerre est
de battre et de détruire la flotte américaine dès le premier jour de
guerre, avant que les Etats-Unis ne mettent en branle leur formidable
potentiel industriel. Pourtant, après le désastre de Pearl Harbor,
aucune autre action japonaise ne sera tentée contre leur base à Hawaii
ou leur flotte de porte-avions.
Qu'a fait la flotte américaine du Pacifique depuis Pearl Harbour?
A vrai dire, sa position n'est pas très enviable. Mais sans le savoir,
les Japonais ont été l'instrument qui contribuera à leur propre
défaite finale. Malheureusement pour eux, les seuls "capital ships"
américains rescapés de Pearl Harbor sont... les porte-avions.
Les Américains en ont neuf au total au début des hostilités. L'un d'eux,
le Hornet, termine justement ses essais. Deux autres, le porte-avions
d'escorte Long Island, et le vieux Langley, sont incapables d'opérer
avec une escadre de guerre. Enfin trois autres se trouvent sur la Côte
Est ou dans l'Atlantique au déclenchement des hostilités: Yorktown,
Ranger et Wasp.
Il en reste trois opérationels dans le Pacifique: Lexington, Saratoga
et Enterprise.
En face les Japonais en ont le double: six. Neuf au total, mais dont
il faut retirer le Hosho, incapable d'opérer avec la flotte, et deux
légers.
Dans ces conditions une bataille décisive serait une défaite assurée
pour les Américains. D'ailleurs, la première réaction de leur part
abouti à un fiasco: une tentative d'envoi de renforts vers l'île de
Wake, assiégée, tourne court fin décembre 1941.
La première priorité est de fortifier toutes les petites îles qui
contrôlent les voies de communications du Pacifique central. Ce sont
des convois à escorter contre le danger sous-marin ou aérien japonais.
Ces tâches, purement défensives, vont pourtant se muer en une
attitude plus agressive et offensive de la part des Américains.
Puisqu'une frappe décisive est impossible, ils vont procéder par coups
d'épingle: choisir un objectif à la périphérie du périmètre défensif
japonais, frapper vite et fort avec un raid de porte-avions, puis se
retirer le plus vite possible, avant qu'une réaction ennemie ne
mette en danger les navires américains. Ce type de harcèlement,
fort éprouvant et qui "tapent sur les nerfs", les Américains en
feront eux-mêmes les frais, 25 ans plus tard. Au Vietnam.
Le premier essai américain de ce type a lieu le 23 janvier 1942, contre
l'île de Wake. Le torpillage, par un sous-marin japonais, du pétrolier
qui devait assurer le ravitaillement de l'escadre fait échouer l'action.
Par contre, le second essai sera transformé. Par la suite, l'objectif
sera plus vaste: à la fois les îles Gilbert et Marshall. Après ce
premier succès, les Américains vont mener une série de ces raids
à objectif limité, tant dans le Pacifique central que dans le Pacifique
Sud. Leurs effets matériels sur le cours de la guerre sont dérisoires.
Mais l'effet moral sur les Américains est immense, et il commence
également à jouer du côté japonais. Du côté allié, ce sont les seuls
succès dont on peut se prévaloir dans ces heures sombres de la guerre.
Cela joue dans la tête des combattants et à l'arrière. Du côté japonais,
ils rappellent au haut commandement qu'il reste une flotte américaine
du Pacifique et qu'il faudra l'éliminer un jour.
Survient alors la "surprise" du 18 avril 1942. Le raid spectaculaire
des seize bombardiers moyens B-25 Mitchell de Doolittle sur Tokyo,
bien que d'un impact dérisoire sur l'effort de guerre japonais,
va provoquer de leur part une réaction entraînant une faute
stratégique majeure, qui leur sera fatale le 4 juin 1942.
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"La 2ème Guerre mondiale au jour le jour. 2194 jours de guerre",
Cesare Salmaggi et Alfredo Pallavisini, sélection Reader's Digest, 1980
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Mara Jade Skywalker - ***@tiscali.be
http://www.starwars.com/databank/character/marajadeskywalker/eu.html
Xena la Princesse guerrière: http://www.xenavf.net/carrefour.php
"Les pingouins sont cinglés!" ("Madagascar", DreamWorks, 2005)
D'Iberville: saviez-vous que... http://diberville.blogspot.com/
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